Benoît XVI a prôné la fermeté de l'Eglise face aux défis du monde contemporain, dimanche à Lourdes, en réaffirmant l'"indissolubilité" du mariage, en défendant la libéralisation de l'ancienne messe en latin et en appelant à nouveau à une laïcité ouverte.
"L'Eglise, qui ne peut s'opposer à la volonté du Christ, maintient fermement le principe de l'indissolubilité du mariage", a déclaré le pape, s'adressant à 170 évêques et cardinaux dans une salle des Sanctuaires, à propos des catholiques divorcés et remariés, qui, selon le droit canon, sont interdits de communion pendant la messe.
Benoît XVI a cependant estimé que l'Eglise devait entourer "de la plus grande affection ceux et celles qui ne parviennent pas à respecter" ce principe, admettant qu'il s'agissait d'une "question particulièrement douloureuse".
Le pape a souligné qu'on "ne pouvait donc admettre les initiatives qui visent à bénir des unions illégitimes", alors que dans un certain nombre de paroisses de France, des prêtres proposent des bénédictions pour les divorcés remariés et acceptent de leur donner la communion.
Dans son intervention aux accents de mise au point, et qui a été assez tièdement applaudie, le pape a également évoqué une question particulièrement sensible en France, celle de la libéralisation de la messe en latin.
"Les rapports du pape avec les évêques ne sont pas des rapports de patron à employés. Il n'est pas un PDG d'une multinationale qui vient visiter une succursale", a affirmé le cardinal André Vingt-Trois, président de la Conférence des évêques de France, à l'issue de cette rencontre, estimant que le pape n'avait pas voulu rappeler les évêques à l'ordre.
Les relations entre le pape et les évêques "ne sont pas des rapports de subordination servile", a-t-il souligné.
Devant les évêques, Benoît XVI a justifié sa décision de réhabiliter la messe en vigueur avant le concile Vatican II, accueillie avec réserve par une partie de l'Eglise de France qui l'a interprétée comme une main tendue aux traditionalistes et a appelé les catholiques à "l'unité".
"Efforçons-nous donc toujours d'être des serviteurs de l'unité (...) Nul n'est de trop dans l'Eglise. Chacun, sans exception, doit pouvoir s'y sentir chez lui, et jamais rejeté", a-t-il insisté.
Il est revenu sur la question de la laïcité, abordée dès le début de sa visite vendredi à l'Elysée devant le président Sarkozy.
La réaffirmation par le chef de l'Etat de son souhait d'une "laïcité positive", concept qu'il avait prôné dès décembre 2007, a fait renaître la polémique sur ce thème de la laïcité, toujours sensible en France plus d'un siècle après la loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l'Etat.
Benoît XVI a pris soin de souligner que le Vatican "désirait respecter" l'"originalité de la situation française" et affirmé que "l'Eglise ne revendiquait pas la place de l'Etat" et "ne voulait pas se substituer à lui".
Il a néanmoins plaidé pour "la mise en évidence des racines chrétiennes de la France (qui) permettra à chacun des habitants de ce pays de mieux comprendre d'où il vient et où il va".
Benoît XVI prône la fermeté de l'Eglise face aux défis du monde contemporain
"Dans le cadre institutionnel existant et dans le plus grand respect des lois en vigueur, il faudrait trouver une voie nouvelle pour interpréter et vivre au quotidien les valeurs fondamentales sur lesquelles s'est construite l'identité de la nation", a affirmé l'évêque de Rome.
Dans la matinée, Benoît XVI avait rendu hommage à Marie, "étoile de l'espérance", en célébrant une messe pour le "150e anniversaire des apparitions de la Vierge à Bernadette Soubirous", but premier de son voyage de quatre jours en France.
Comme à Paris, le pape a donné la communion dans la bouche aux fidèles, qui l'ont reçue à genoux.
Lundi matin, le pape célébrera une messe pour les malades sur l'esplanade de la basilique de Notre-Dame du Rosaire avant de quitter Lourdes pour Rome en milieu de journée.
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